On en parle sur Europe 1 ! C’était à la radio la semaine dernière, dans l’émission « Bien fait pour vous » animée par Julia Vignali et Mélanie Gomez. C’est aux côtés du Dr Jean-Jacques Raynaud, Gastro-entérologue à l’hôpital Avicennes à Bobigny, qu’elles posent la question du dossier santé du jour : Comment reconnaître et traiter un syndrome de l’intestin irritable ?
Je vous partage ci-dessous la vidéo de l’enregistrement de l’émission radio, très riche d’informations, qui appuie la démarche du blog Foodmapers !
Intestin irritable : quelle part de la population est concernée ?
L’intestin irritable concerne plusieurs millions de personnes. Dans cette émission de radio, le Dr Jean-Jacques Raynaud parle de 10-15% de la population. La difficulté c’est que peu de personnes veulent bien admettre être atteintes du syndrome de l’intestin irritable. Il faut dire que ce n’est pas très « glam » voire un peu honteux de parler de ces soucis digestifs. On ne peut donc pas compter les patients sur la base du déclaratif ou du nombre de consultations (les hommes consultent beaucoup moins pour leur santé que les femmes). Ce qui nous amène à considérer des données basées sur des estimations scientifiques.
L’intestin irritable peut se déclarer à tout âge. On sait que 65% des personnes concernées sont des femmes. Et selon le Dr Jean-Jacques Raynaud, une étude a été menée sur l’enfant, qui a montré qu’il était possible d’être atteint dès son plus jeune âge. Cette maladie peut « […] même avoir un impact sur les études et le devenir futur des gens ».
Quels sont les symptômes ?
Ils sont très variables. Ce qui fait de l’intestin irritable une maladie très compliquée à diagnostiquer. Cela peut être des troubles du transit, des ballonnements, des diarrhées, une constipation chronique… Cela peut être des symptômes en association les uns avec les autres ou des symptômes isolés.
Les douleurs énumérées par les patients sont les suivantes : brûlures, douleurs spasmodiques (souvent provoquées par les repas ou parfois le stress). Il faut savoir que l’on a tendance à mal identifier l’origine du mal, comme le rappelle le Dr J-J Raynaud : « l’intestin est un U, ça part du bas et ça remonte jusqu’au niveau de l’estomac ». Donc les personnes qui pensent avoir mal à l’estomac souffrent en fait de leur colon. Bon à savoir !
Pour plus de détails sur les symptômes possibles, cliquez ici.
"Il y a vraiment une maladie intestinale, ce n'est pas une maladie psychiatrique"
L'intestin irritable, une vraie maladie ?
Jugé comme un trouble fonctionnel, d’où son nom de colopathie fonctionnelle en terme médical, il est légitime de se demander si l’intestin irritable est une vraie maladie ?
« Oui ! » Clame le Dr Jean-Jacques Raynaud. Le syndrome de l’intestin irritable est une vraie maladie définie par ce que l’on appelle les critères de ROME. Le seul problème de cette maladie est « qu’il n’y a pas de test diagnostic », plongeant très souvent les patients dans une errance médicale, avec une batterie d’examens « normaux », mais toujours en souffrance sans savoir d’où cela vient.
" [...] La qualité de vie de quelqu'un qui a un intestin irritable est voisine de celle de quelqu'un qui a un cancer "
Est-ce que cela peut s'aggraver ?
De base le syndrome de l’intestin irritable n’est pas une maladie grave. « En revanche, elle peut s’aggraver si la prise en charge n’est pas adéquate » si l’errance médicale dure sur le long terme à coup de : « C’est dans la tête », « Ce n’est pas grave », « Ce n’est rien ». Toutes ces injonctions sont difficiles à entendre pour un patient atteint du SII. Entre un gastro-entérologue, spécialiste, qui fait des examens de type coloscopie où tout est normal et un médecin généraliste qui n’a pas le temps et ne s’estime pas spécialiste pour traiter le SII. Les patients se retrouvent désemparés, en souffrance et sans réponse.
Or, le Dr J-J Raynaud déclare : « Il faut savoir que la qualité de vie de quelqu’un qui a un syndrome de l’intestin irritable est voisine de celle de quelqu’un qui a un cancer ». Voilà qui est dit. Pourquoi une citation comme celle-ci ne me choque-t-elle même pas ? Parce que je l’ai vécu, quand j’étais au plus mal. Je n’aurais jamais eu la prétention de juger mes symptômes et mon quotidien au même niveau qu’un malade du cancer. Et pourtant, ce médecin nous interpelle sur cette réalité qu’on s’efforce de ne pas voir.
Des propos qui soulageront plus d’un Foodmapers qui nous lit, car, non, nous ne sommes pas fous et oui, nous souffrons réellement. Si vous souhaitez lire mon histoire pour vous rendre compte de mon quotidien quand j’étais au plus mal à cause de ma colopathie, c’est par ici.
Il rajoutera plus tard au fil de l’émission que « ce n’est pas une maladie grave médicalement, mais socialement, parce que les gens ne vivent plus » On peut avoir du mal à travailler, à faire des études, à sortir, parfois il y a des couples qui divorcent aussi ».
Je rajouterai à ces propos que le SII peut en effet entraîner une laxophobie, qui est la peur d’avoir une diarrhée impérieuse en public, loin de chez soi. Une phobie très handicapante au quotidien et encore très tabou.
Comment savoir si l'on est atteint du syndrome de l'intestin irritable ?
En général, les patients qui arrivent devant le gastro-entérologue ont déjà leur diagnostic. Que ce soit par le généraliste qui les envoie, ou en regardant sur internet, en écoutant leur corps. Finalement, les patients recherchent surtout « une confirmation de ce diagnostic par un spécialiste qu’on les rassure, qu’on les écoute« .
Le diagnostic chez le gastro-entérologue se fait grâce à l’outil des critères de ROME en regard des symptômes et de l’âge du patient. Ce spécialiste va surtout vérifier si les examens pour éliminer des maladies graves (Maladie de Crohn, cœliaque…) ont été fait. En cas d’intestin irritable, les examens de type coloscopie ou fibroscopie ne donneront rien et seront normaux.
"Nous sommes à l'âge de pierre du microbiote"
Analyser son microbiote, est-ce que cela a un intérêt ?
J’ai en effet vu passer dans les médias des sociétés qui prétendent analyser votre microbiote intestinal pour vous traiter. Cette démarche m’offusque de prime abord, puisque j’ai l’impression que l’on surfe sur le nouveau business du microbiote en promettant monts et merveilles. Pour analyser votre microbiote, il faut leur envoyer un échantillon de vos selles, vous recevrez les résultats sous quelques semaines. Mais cela m’interpelle, que vont-ils chercher ? Notre microbiote étant composé de milliards de microorganismes, il est également unique et propre à chacun. Comment peuvent-ils savoir si la composition de mon microbiote est « trop ceci » ou « pas assez cela » ?
Le Dr J-J Raynaud le confirme : « nous sommes à l’âge de pierre du microbiote« . « Analyser le microbiote on le fait […], mais dans la vie quotidienne pour l’instant pour les gens […] on ne peut rien en faire derrière ». En effet, la découverte du microbiote est tellement récente que l’on ne sait encore rien de cet organe (oui, avec sa moyenne de 2 kg, il est considéré comme un organe à part entière !). En science c’est très intéressant et passionnant, mais en pratique courante, le Dr J-J-Raynaud ne recommande pas de faire analyser son microbiote, cela est coûteux, non remboursé et n’aboutit à aucune proposition de traitement derrière.
Quelle est l'origine de l'intestin irritable ?
L’origine peut être :
- Après une gastro-entérite carabinée « il se passe quelque chose, on ne sait pas trop quoi et cela peut apparaître après » le virus de la gastro.
- Après un évènement impactant de la vie (deuil, stress,…)
Malheureusement, à l’heure d’aujourd’hui la plupart du temps l’origine est inconnue et apparaît du jour au lendemain sans savoir pourquoi.
Il existe des familles entières concernées par l’intestin irritable. C’est mon cas même si la plupart des membres de ma famille ne veulent pas l’admettre. 😄 On peut alors se demander s’il existe un gène du côlon irritable ? Mais non, pas selon le Dr J-J Raynaud. « Par contre, il y a un mode de vie qui peut peut-être favoriser l’intestin irritable ».
L'alimentation joue-t-elle un rôle ?
"Un régime assez à la mode et surement le plus intelligent que les autres c'est le régime FODMAP"
Certains aliments peuvent déclencher des crises digestives. Les patients qui l’ont remarqué traquent leur nourriture et peuvent s’interdire beaucoup de choses sans savoir exactement quels sont les aliments problématiques chez eux. Si j’ai bien compris une chose pour ma part, c’est que l’intestin irritable peut être dû à des intolérances alimentaires. C’est pourquoi le régime FODMAP est à suivre pour dépister au mieux ses intolérances sans se priver sur le long terme.
Selon le Docteur J-J Raynaud, le régime FODMAP est surement le régime tendance le plus intelligent à suivre. Il permet de dépister ses intolérances alimentaires en incluant une période d’exclusion des aliments puis une période de réintégration progressive. J’en parle tout au long de ce blog, mais vous trouverez plus d’informations sur le protocole FODMAP ici. Les FODMAPs sont des glucides complexes que l’on trouve par exemple dans certaines céréales, légumineuses, laitages, certains fruits et légumes… Vous êtes libres de télécharger la liste complète et détaillée des FODMAPs.
Jeûne intermittent : une solution ?
Le jeûne intermittent est très à la mode, c’est simple non seulement j’en entends parler mais en plus je connais plusieurs personnes qui l’expérimente.
Selon mon humble avis, le jeûne est une fausse bonne idée. Je l’ai pratiqué dans la période de ma vie où j’étais au plus mal niveau santé. Car j’avais remarqué que de ne pas manger du tout le soir me permettait de mieux dormir et de réussir à (un peu) mieux me lever le matin. Mais c’était se cacher derrière mon petit doigt. J’ai su par la suite que si j’allais mieux en jeunant c’est que j’avais un problème digestif sous-jacent.
Pour le Dr Raynaud, c’est pareil, le jeûne est un problème, car cela signifie que les patients ont détecté qu’ils allaient mal en mangeant et donc ils se privent de nourriture. En mangeant de moins en moins cela peut leur causer plus de troubles comme la perte de poids, des carences … Et comme « on ne va pas rester à jeun et s’arrêter de manger toute sa vie, c’est une fausse bonne idée« . Nous sommes donc d’accord Doc !
Les Foodmapers, si vous lisez cet article et que vous êtes mal au point de jeuner, mon conseil : poser vous la question d’intolérances alimentaires et essayez consulter un médecin qui saura vous écouter.
Quels traitements ?
Le syndrome de l’intestin irritable est un trouble fonctionnel qui ne se soigne pas. En revanche, les gastro-entérologues peuvent traiter les symptômes du transit. Ou traiter les douleurs avec des antispasmodiques. Mais il est important de noter, comme cité dans l’émission « qu’il n’y a pas de traitement miracle, mais des traitements à adapter à chaque patient« .
Et je rajouterai : et qui fonctionne plus ou moins. Non parce que les laxatifs c’est mignon mais ça a beau être un médicament, j’ai pour autant toujours été au plus mal même avec ce type de traitement. Alors que dépister mes intolérances alimentaires fut la meilleure chose que j’ai faite pour aller mieux !
Probiotiques, prébiotiques : est-ce que cela fonctionne ?
On en entend parler partout. Les prébiotiques, probiotiques, servent-ils à traiter l’intestin irritable ? Sont-ils vraiment efficaces ?
C’est justement quand on entend parler de partout d’un traitement qu’il faut se méfier : il faut savoir distinguer marketing (dit publi-information) et réalité scientifique. J’ai personnellement testé des probiotiques puis écrit un article à ce sujet que je vous invite à lire : Probiotiques et SII : traitement miracle ou faux-semblant ?
Et selon le gastro-entérologue Dr Jean-Jacques Raynaud ? « Des études ont été faites […] sur 3 molécules qui montrent que dans certains cas ce n’est pas du pipeau, mais il faut ingérer les molécules en question qui ont fait l’effort de prouver leur efficacité« . Il conseille de privilégier des molécules (cellules souches) adaptées à son cas, conseillées par un médecin spécialiste, et non par une page de pub ou un pharmacien.
J’espère que cet article ainsi que cette émission diffusée sur Europe 1 sur le sujet : Comment reconnaître et traiter un syndrome de l’intestin irritable vous a plu et va pouvoir vous aider.
Et vous, avez-vous réussi à avoir un diagnostic facilement ? Un traitement qui vous convient ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire ci-dessous ⬇
Pour continuer à suivre toutes mes publications, voici mes comptes Facebook : FoOdmapers et Instagram : @foodmapers_sii
Vous êtes également libre de partager cet article autour de vous : les Foodmapers sont plus nombreux qu’on ne le pense 😉
Hello, concernant le jeune intermittent je suis d’accord qu’il ne convient pas à tout le monde et que ce n’est peut être pas la solution mais il peut avoir de bons effets chez certains (à condition d’être réalisé correctement et de ne pas simplement sauter un repas) .
J’ai pas encore regardé la vidéo mais j’aime beaucoup ce que j’ai lu.
Tu ne pousse pas à faire des tests qui peuvent s’avérer cher pour ne pas nous aider. J’approuve !
Très bonne journée à toi !
Merci beaucoup pour ton commentaire, en effet le jeûne intermittent ne s’improvise pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser 🙂 belle journée !
Cet article tombe à pic pour moi, depuis quelques temps je ne me sens pas pied après le repas, douleur ballonnement..
J’attends un rendez vous avec un spécialiste et je pense qu’il ne trouvera rien…
A suivre
Bonjour Nathalie, merci pour votre message ! Il serait intéressant d’appliquer les conseils de cet article avant d’aller voir votre spécialiste. Car ces premières remarques seront, pour sûr, de vous donner ces mêmes conseils. Si vous les avez déjà expérimentés sans succès, il faut chercher à savoir si vos problèmes de douleurs et ballonnements ne sont pas dû à un SIBO ou un SII (intestin irritable) avec intolérances alimentaires. Ce sont des maladies intestinales non graves mais handicapantes au quotidien, surtout lorsque les spécialistes tardent à poser le bon diagnostic. Tenez-moi au courant !
Merci beaucoup , c’est très intéressant.
Merci beaucoup pour votre commentaire Zahrae 🙂